Reine Ablaa fait de la musique qui respire. Ça bouge, ça vit, ça parle à l’âme. On y sent la terre, les ancêtres, le vent chaud du pays. Sa voix, c’est comme un chemin qui traverse la Côte d’Ivoire, mélangeant langue, rythme et émotion. Avec elle, l’Afro House prend une autre couleur; plus douce, plus vraie, plus ivoirienne.
Femme forte du mouvement Afro House, Reine s’est imposée comme une figure incontournable du son ivoirien moderne. Avec un style qui marie les rythmes baoulé aux sons électroniques, elle réussit à faire voyager la culture ivoirienne au-delà des frontières. Sa musique, c’est l’Afrique qui se raconte : pleine d’énergie, d’identité et d’histoire. Elle fait danser, mais surtout, elle fait ressentir.
Issue du peuple baoulé, Reine tire une grande partie de son inspiration de ses racines. Elle dit souvent que ses mélodies lui viennent en rêve. “Parfois, je me réveille à quatre heures du matin et je commence à écrire sans savoir pourquoi. C’est comme si l’univers m’envoyait des notes ou des paroles,” raconte-t-elle. Elle passe aussi beaucoup de temps à chercher des sons traditionnels — balafons du Nord, percussions de l’Ouest — qu’elle mixe avec les beats modernes de la House. « Je prends des rythmes du nord, du sud, du centre, de l’ouest et de l’est de la Côte d’Ivoire et je les fusionne avec la musique électronique », explique-t-elle.
Son aventure musicale a vraiment commencé en 2015, inspirée par des artistes comme Dobet Gnahoré, Miriam Makeba et Angélique Kidjo. Ce sont elles qui lui ont donné envie de chanter en baoulé, pour montrer que notre langue aussi a du groove. Les grands noms sud-africains comme Heavy-K, Drumetic Boyz et Oskido ont aussi influencé sa manière de créer. « En les écoutant, j’ai compris qu’on pouvait faire tellement de choses avec nos sons ethniques et tribaux, parce qu’ils reflètent notre identité », dit-elle.
Son parcours parle pour elle. Son premier single « Mon Amie », sorti en 2021, a posé les bases de son univers : une Afro House bien de chez nous, pleine de chaleur et d’authenticité. Ensuite, il y a eu « Missing You », « Pakinou » avec X-Wise (et son remix devenu un classique des dancefloors), et tout récemment le remix de « Yo Oh », produit par le talentueux Drexxbeats. Ce dernier morceau, très tribal et fort en énergie, montre à quel point Reine sait faire évoluer son style sans jamais se perdre. Le clip, tourné dans le Nord de la Côte d’Ivoire, met en avant la beauté du pays et son désir de partager la culture ivoirienne avec le monde.
Travailler avec des légendes comme Oskido et X-Wise a marqué un tournant dans sa carrière. « C’était comme si l’univers me disait : tu deviens toi aussi une légende, car tu travailles avec des légendes », confie-t-elle avec le sourire. Ils l’ont encouragée à chanter en baoulé, et le résultat a été un son unique, que même certains prenaient au départ pour du zoulou.
Sur scène, Reine est une boule d’énergie. Que ce soit au MASA 2024, à la CANEX Music Factory ou en première partie du concert d’Omah Lay à Abidjan, elle enflamme toujours le public. « Quand j’ai dit mon nom, la foule est devenue folle. Même les organisateurs étaient surpris », se souvient-elle. Ces moments lui rappellent pourquoi elle fait de la musique : pour connecter, partager et faire vibrer.
Même avec le succès qui grandit, elle garde les pieds sur terre. Quand l’inspiration ne vient pas, elle ne force rien. « Si quelque chose ne vient pas, je laisse. Je me repose, je prie ou je sors admirer la beauté de l’univers », dit-elle simplement. Sa musique garde cette sincérité, cette paix intérieure qui fait sa force. Aujourd’hui, avec « Yo Oh » qui tourne fort et d’autres projets à venir, Reine Ablaa continue d’écrire son histoire. Elle veut que le monde entier découvre la Côte d’Ivoire à travers ses sons, ses langues et ses rythmes. Comme elle aime le dire : « Nous sommes tous Africains, reliés par nos rythmes et notre héritage. » Reine Ablaa, c’est la voix d’une génération qui fait danser l’Afrique et lui redonne toute sa fierté.